Allez, ce matin on se fait plaisir, on parle process et paperasses. Je sais que vous adorez ça !
Plus précisément, on va parler de 𝗤𝗨𝗔𝗟𝗜𝗢𝗣𝗜. Bien sûr que vous connaissez.
Non ? Alors, que je vous explique : QUALIOPI est un référentiel Qualité, un truc plutôt maousse a priori, pas moins de 32 indicateurs répartis en 7 critères qualité. Explorons un peu le sujet.
Qu’est-ce que QUALIOPI, au juste ?
QUALIOPI, c’est le nom de la certification qualité des organismes de formation en France. Ce référentiel a été instauré (obligatoire depuis le 1er janvier 2022 pour toute prise en charge) pour garantir que les organismes de formation respectent un certain niveau de qualité dans leurs processus.
L’objectif ? Assurer que les fonds publics et mutualisés investis dans la formation professionnelle soient utilisés de manière efficace et pertinente.
Donc, si vous réussissez à vendre vos formations sans prise en charge, si vos clients paient « plein pot », comme on dit, décrocher cette certification n’est pas une obligation. À vous de peser le pour et le contre.
Certification des processus de l'organisme de formation, et non de ses formations
Précisons d’abord que ce ne sont pas les formations de l’organisme de formation qui sont certifiées, que nenni, non, c’est l’𝗼𝗿𝗴𝗮𝗻𝗶𝘀𝗺𝗲 𝗱𝗲 𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗰𝗼𝘂𝗿𝘁.
Donc, toute formation d’un OF (organisme de formation) certifié peut faire l’objet d’une prise en charge. Pratique.
Ensuite, comprenons que QUALIOPI ne certifie PAS la qualité de la formation – contrairement à ce que de nombreux certificateurs et consultants spécialisés essaient de vous faire croire.
QUALIOPI certifie seulement la qualité des processus. Ce qui est très différent.
Et donc, un organisme de formation certifié QUALIOPI peut-il “commettre” de mauvaises formations ? Absolument ! Aucun problème, fingers in the nose, easy-peasy
Les critères et indicateurs de QUALIOPI
Maintenant, quels sont ces 32 indicateurs ?
À mon avis – mais ce n’est que mon avis – certains indicateurs sont pertinents. C’est-à-dire utiles. D’autres – toujours à mon avis hein – ne servent à rien. Sinon à générer une charge mentale dont on se passerait bien.
Indicateurs utiles ? Essentiellement ceux qui prennent en compte les attentes et mesurent l’atteinte des objectifs de formation. Par exemple, les indicateurs 4, 5, 8, 10 et 11. Perso je les respectais déjà dans les années 2000, plus de 10 ans avant la création de QUALIOPI.
Voici un aperçu des indicateurs utiles :
Indicateur 4 : Identifier les objectifs des prestations proposées et leur adaptation aux publics bénéficiaires lors de la conception des actions.
Indicateur 5 : Adapter les prestations et les modalités d’accueil, d’accompagnement, de suivi et d’évaluation aux publics bénéficiaires.
Indicateur 8 : Mettre en œuvre des moyens pédagogiques, techniques et d’encadrement adaptés aux prestations mises en œuvre.
Indicateur 10 : Mobiliser les compétences des personnels chargés de mettre en œuvre les prestations.
Indicateur 11 : Assurer la formation continue et le développement des compétences des personnels.
Ces indicateurs visent à garantir que les attentes des participants sont bien prises en compte et que les objectifs de formation sont atteints.
Ce sont, vous vous en doutez, des éléments fondamentaux pour toute formation réussie. Un formateur qui ne cherche pas à respecter ces indicateurs n’est tout simplement pas sérieux ; ses formations sont de simples copiés-collés sans aucune adaptation. Et donc, à fuir.
Ce sont, vous vous en doutez, des éléments fondamentaux pour toute formation réussie. Un formateur qui ne cherche pas à respecter ces indicateurs n’est tout simplement pas sérieux ; ses formations sont de simples copiés-collés sans aucune adaptation. Et donc, à fuir.
Les indicateurs administratifs et contraignants
Et quels sont les 𝗶𝗻𝗱𝗶𝗰𝗮𝘁𝗲𝘂𝗿𝘀 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝘂𝘁𝗶𝗹𝗲𝘀 ? Ceux qui adressent des situations qui n’arrivent pratiquement jamais, ceux qui cherchent à mesurer des actions que l’on fait forcément mais qu’on n’a pas du tout le réflexe de documenter, de prouver. Par exemple, la veille. Bien sûr que nous faisons de la veille, tous les jours.
Maintenant, est-il vraiment indispensable de le prouver via des outils de suivi et autres tableaux qu’on oubliera fatalement – parce qu’après tout nous ne sommes que des humains – de mettre à jour ?
Selon QUALIOPI, oui.
Tu dis que tu fais de la veille ? OK, prouve-le ! Et quelles sont tes sources ? On veut voir la liste !
Prouve également que tu en as tiré quelque chose = que tu as adapté tes process en conséquence dans ta démarche d’amélioration continue…
Les numéros des indicateurs à vocation disons, “administrative” ? Les 21, 22 et 23. Entre autres (pour la veille spécifiquement ce sont les 23, 24 et 25)
Bon, je manque de place ici pour les citer tous.
Voici quelques détails sur ces indicateurs administratifs :
Indicateur 21 : Mettre en œuvre une veille légale et réglementaire, prouver que cette veille est suivie et mise à jour régulièrement.
Indicateur 22 : Assurer une veille sur les évolutions des compétences, des emplois et des qualifications dans ses secteurs d’intervention.
Indicateur 23 : Mettre en œuvre une veille sur les innovations pédagogiques et technologiques pouvant améliorer ses prestations.
Indicateur 24 & 25 : Le prestataire réalise une veille sur les évolutions des compétences, des métiers et des emplois dans ses secteurs d’intervention et en exploite les enseignements.
Ces indicateurs exigent des preuves documentées de pratiques courantes telles que la veille légale et technologique. Bien que ces pratiques soient essentielles, leur documentation systématique peut s’avérer lourde et chronophage pour les organismes de formation. Surtout pour les petits organismes de formation et les formateurs et formatrices indépendants.
En conclusion, QUALIOPI, cela reste important ?
Malgré les critiques sur certains aspects administratifs, il est indéniable que QUALIOPI joue un rôle crucial dans la structuration et l’amélioration des pratiques des organismes de formation. Cette certification aide à professionnaliser le secteur et à garantir que les fonds publics sont utilisés de manière efficace.
Je pense par contre que dans de nombreux cas c’est surdimensionné et qu’on gagnerait à simplifier le référentiel pour ne garder que les indicateurs les plus pertinents.